La mer Méditerranée, reconnue pour sa biodiversité exceptionnelle et son importance économique, est de plus en plus menacée par la pollution plastique marine. Conscients de cette menace croissante, les experts intensifient leurs efforts pour passer de la recherche et des politiques à des solutions concrètes basées sur la science.

Lors de la 7ᵉ édition de la Convention Halieutis, organisée du 6 au 9 février 2025 à Agadir, au Maroc, ces enjeux critiques ont été abordés lors de deux sessions au stand de l’Union européenne. Dr Thomais Vlachogianni, responsable principale des politiques et programmes au sein de MIO-ECSDE, y a partagé ses perspectives issues de sa participation à de nombreux projets financés par l’UE sur les déchets marins, tels que Plastic Busters CAP, Plastic Busters MPAs, le projet WES et SWIM-H2020 SM.

Dr Vlachogianni a souligné l’urgence de disposer de données fiables et adaptées, l’utilisation judicieuse du plastique et la nécessité de dissiper les idées reçues sur les solutions à la pollution plastique. Elle a mis en avant des initiatives innovantes, notamment les projets Horizon Europe SOS-ZEROPOL2030, qui s’attaque à la menace émergente des particules d’usure des pneus en Méditerranée (Plus d’informations ici), et Interreg IPA ADRION TETHYS4ADRION, qui se concentre sur les apports de déchets fluviaux dans les mers Adriatique et Ionienne (Plus d’informations ici).

La Méditerranée reste l’une des régions les plus touchées au monde, avec des densités de déchets comparables à celles des grands gyres océaniques. Le rapport sur l’état de l’environnement du PNUE/PAM révèle que la grande majorité des plages (84 % à 86 %) dans trois des quatre sous-régions méditerranéennes — l’Adriatique, la Méditerranée orientale et la Méditerranée occidentale — n’atteignent pas le Bon État Écologique. En revanche, la Méditerranée centrale enregistre le pourcentage le plus élevé de plages en Bon État Écologique, avec 32 %. Une analyse plus approfondie des données indique que la Méditerranée orientale est la plus affectée par les déchets sur les plages, avec 64 % des plages enquêtées en mauvais ou très mauvais état. L’Adriatique et la Méditerranée occidentale suivent de près, avec respectivement 60 % et 58 % des plages en mauvais ou très mauvais état.

Il est crucial de passer de l’identification des problèmes à des solutions concrètes et adaptées sur le terrain. De nombreuses initiatives de prévention et de réduction des plastiques existent en Méditerranée, et il est essentiel de tirer pleinement parti des connaissances accumulées grâce à l’apprentissage collectif multipartite. Parmi les solutions mises en avant par le responsable du programme/de la politique de MIO-ECSDE, on peut citer

✅  La promotion d’alternatives réutilisables (par exemple, la mise en place d’un système de livraison de gobelets réutilisables pour les bars de plage).

✅  Le développement de réseaux d’entreprises durables (par exemple, un réseau sans plastiques à usage unique pour les établissements de restauration côtiers).

✅  La mise en œuvre de systèmes efficaces de gestion des déchets, y compris des programmes de collecte et de recyclage des engins de pêche abandonnés.

Une approche « de la source à la mer » a été soulignée comme essentielle, garantissant que les interventions traitent la pollution à sa source. Dr Vlachogianni a appelé à un équilibre entre les innovations technologiques et sociales pour lutter efficacement contre la pollution plastique.

Les discussions lors de la Convention Halieutis 2025 ont renforcé la nécessité d’une collaboration multipartite pour faire progresser des solutions durables en vue d’une Méditerranée sans plastique.