La COP29, la 29e conférence des Nations unies sur le changement climatique, s’est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Cet événement mondial majeur, organisé dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a rassemblé des dirigeants mondiaux, des négociateurs, des scientifiques, des représentants d’entreprises, des communautés indigènes et des membres de la société civile afin d’intensifier les efforts collectifs de lutte contre le changement climatique.

L’objectif principal de la COP29 était de promouvoir le financement de la lutte contre le changement climatique, une tâche difficile par défaut. Certains résultats ont été obtenus, mais pas à la hauteur des attentes. Les principales priorités déclarées de la COP étaient les suivantes :

  • Rendre opérationnel le Fonds pour les pertes et dommages, créé lors de la COP27, afin d’aider les communautés vulnérables
  • Fixer un nouvel objectif de financement de la lutte contre le changement climatique pour remplacer l’objectif précédent de 100 milliards de dollars.
  • Faire progresser les contributions déterminées au niveau national (CDN) afin de respecter la limite de réchauffement de 1,5 C.
  • Renforcer les marchés du carbone en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris.
  • Promouvoir les énergies renouvelables, le financement de l’adaptation et la réduction des émissions de méthane.
  • Lancer des engagements et une déclaration sur le stockage de l’énergie, les réseaux, les zones, les canaux et l’hydrogène, qui ont été approuvés par 150 parties.

La conférence a mis l’accent sur le rôle des investissements du secteur privé et de la transparence dans la conduite de l’action climatique. Les banques multilatérales de développement ont annoncé qu’elles prévoyaient de contribuer à l’action climatique par un montant de 170 milliards de dollars par an d’ici à 2030, dont 120 pour les pays à revenu faible ou intermédiaire. Le stade olympique de Bakou a accueilli environ 80 000 participants dans des zones de négociation et d’exposition dédiées. L’événement a été organisé de manière impeccable, avec le soutien de milliers de jeunes volontaires anglophones.

Principaux résultats de la COP29

La COP29 a permis de réaliser des progrès, mais a également été confrontée à des reculs significatifs dans les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique.

  1. Objectif de financement mondial : un nouvel objectif de financement climatique de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 a été convenu pour aider les pays en développement à lutter contre les effets du changement climatique et à passer à des sources d’énergie durables. En outre, l’« objectif de financement de Bakou » de 1,3 milliard de dollars par an a été lancé et devrait être mobilisé par diverses sources, y compris le financement privé et les mécanismes innovants. Toutefois, ce montant est loin des 1 300 milliards de dollars par an que les experts jugent nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
  2. Marchés du carbone : Après des années de négociations, les règles pour le commerce international du carbone en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris ont été finalisées. Ces règles créeront des normes approuvées par les Nations unies qui attireront les investissements privés dans les pays en développement pour réduire les émissions, mais des inquiétudes subsistent quant à l’intégrité des crédits carbone.
  3. Adaptation : La feuille de route de Bakou sur l’adaptation a été lancée pour renforcer la résilience climatique. Toutefois, des désaccords sur les indicateurs de suivi ont retardé la mise en œuvre complète de l’objectif mondial d’adaptation, repoussant les discussions à la COP30. Pour la première fois, de nombreuses personnes ont mis l’accent sur le point longtemps défendu selon lequel « l’adaptation est l’autre face de la même pièce du changement climatique », soulignant la nécessité d’un financement adéquat pour renforcer les avantages de l’atténuation et de l’adaptation.
  4. Fonds pour les pertes et dommages : Le fonds est devenu opérationnel grâce à de nouvelles promesses, portant le capital annuel à 800 millions de dollars. Cependant, ce montant reste largement insuffisant par rapport aux 724 milliards de dollars estimés nécessaires chaque année pour faire face aux pertes liées au climat dans les régions vulnérables.
  5. Combustibles fossiles : La réaffirmation de l’engagement pris lors de la COP28 d’éliminer progressivement les combustibles fossiles a été bloquée par certaines nations, ce qui a retardé l’adoption d’une mesure essentielle jusqu’à la COP30 en 2025. Il s’agit d’un revers majeur pour les efforts d’atténuation au niveau mondial.
  6. Action climatique urbaine : Les villes ont joué un rôle important, avec des initiatives telles que CHAMP (Coalition for High Ambition Multilevel Partnerships) qui préconisent des contributions urbaines aux plans climatiques. Malgré cela, le programme global d’atténuation n’a pas permis de réaliser des progrès significatifs.

La conférence a mis en évidence les défis géopolitiques et financiers persistants pour atteindre les objectifs climatiques. Les discussions ont mis l’accent sur les solutions fondées sur la nature et les références aux services écosystémiques. Les progrès sur plusieurs fronts critiques ont été reportés à de futures réunions, en particulier la COP30 au Brésil, qui devrait être déterminante.

 

Résultats spécifiques à la Méditerranée

La COP29 a abordé des questions particulièrement pertinentes pour la région méditerranéenne, un point chaud du climat confronté à la hausse des températures, à la pénurie d’eau et à la perte de biodiversité. Les principaux résultats pour la région sont les suivants :

  1. Initiatives en matière d’adaptation : La feuille de route de Bakou sur l’adaptation a été lancée et se concentre sur le renforcement de la résilience et la réduction des vulnérabilités, ce qui profite directement aux nations méditerranéennes sujettes aux sécheresses, aux chaleurs extrêmes et à l’érosion côtière. Les efforts déployés dans le cadre de l’objectif mondial d’adaptation visent à suivre les progrès réalisés en matière de capacité d’adaptation, notamment en ce qui concerne la gestion de l’eau et l’agriculture, secteurs essentiels dans la région.
  2. Fonds pour les pertes et dommages : L’opérationnalisation de ce fonds permet aux pays méditerranéens, en particulier ceux d’Afrique du Nord, d’accéder à des ressources financières pour faire face aux dommages causés par le climat, tels que l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes. Cependant, le capital du fonds reste très insuffisant pour répondre à la forte demande dans les zones vulnérables.
  3. Marchés du carbone et énergies renouvelables : Les règles finalisées pour le commerce international du carbone (article 6) encouragent les investissements dans les énergies renouvelables et les réductions d’émissions, offrant aux pays méditerranéens la possibilité de développer des projets solaires et éoliens tout en attirant des financements externes.
  4. Les carburants aéronautiques durables (SAF) et la navigation : Les discussions sur les SAF et l’amélioration du rendement énergétique de la navigation ont mis l’accent sur la nécessité d’accroître la production de SAF. En 2024, les SAF ne représenteront que 0,5 % de la demande mondiale de carburéacteur. La promotion des SAF et de l’efficacité opérationnelle reste essentielle pour parvenir à des émissions nettes nulles dans l’aviation d’ici 2050.
  5. Action climatique urbaine : Les villes de la Méditerranée étant confrontées à l’augmentation de la chaleur urbaine et à des contraintes en matière de ressources, des initiatives telles que la Coalition for High Ambition Multilevel Partnerships (CHAMP) ont insisté sur l’inclusion des villes dans les plans climatiques. Cela permet de soutenir les projets de durabilité urbaine dans toute la région.
  6. Réduction du méthane : L’accent mis sur la réduction du méthane (en particulier la déclaration sur la réduction du méthane provenant des déchets organiques) s’aligne sur les réformes de l’agriculture méditerranéenne et de la gestion des déchets. Les pays de la région devraient adopter des mesures dans le nouveau cadre de réduction du méthane, ciblant les émissions provenant du secteur de l’élevage et des déchets organiques.

Plus de 7 ans après l’adoption de l’Agenda 2030 et de ses 17 ODD, les pays méditerranéens sont toujours confrontés à des défis majeurs en matière de durabilité tels que la pénurie d’eau, l’insécurité alimentaire et énergétique et la dégradation des écosystèmes, tous profondément interconnectés. Pour traiter ces questions, il faut s’éloigner des approches en silo, car nous ne pouvons plus nous permettre de traiter chaque problème de manière isolée alors qu’ils sont si intimement liés.

C’est l’objet du nouveau rapport spécial de MedECC, annoncé lors de la COP 29 : explorer les relations complexes entre le nexus Eau – Énergie – Alimentation – Écosystèmes (WEFE) en Méditerranée. Ce rapport préconise une approche du continuum « de la source à la mer » pour faire face aux changements environnementaux complexes de la région. Il convient de noter que le GWP-Med et le MIO-ECSDE, dans le cadre du projet WES financé par l’UE, ont été les principaux promoteurs du Nexus WEFE lors d’événements parallèles organisés par le PNUE, la CEE-ONU, l’UNESCO et la FAO.

Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans des projets d’énergie renouvelable à grande échelle en Afrique du Nord et dans les pays méditerranéens européens, un dialogue et une transparence accrus sont nécessaires. Si ces avancées sont prometteuses, l’absence d’un engagement clair en faveur de l’élimination progressive des combustibles fossiles et les promesses financières limitées soulignent les défis permanents auxquels sont confrontées les nations méditerranéennes. Les vulnérabilités propres à la région exigent un soutien et une collaboration internationale plus forts à l’avenir.