PPNEA (Protection et préservation de l’environnement naturel en Albanie), qui œuvre depuis plus de 15 ans à la conservation du lynx des Balkans* dans le pays, a dénoncé en juin 2020 le braconnage d’un lynx des Balkans et son exposition dans les locaux du restaurant ” Ke Rrema ” à Elbasan. Après environ 2 ans et des investigations au ralenti, et malgré l’apport de preuves irréfutables de son appartenance à la population de lynx des Balkans de la région d’Elbasan en Albanie, le Procureur a classé l’affaire en février 2022 pour “manque de preuves”.
Le braconnage illégal des lynx des Balkans et l’incapacité de l’Albanie à poursuivre ces affaires devant les tribunaux ne sont pas une nouveauté. Ils ont été mentionnés dans le rapport de la Commission européenne sur l’Albanie en 2021, car ils violent le respect des critères environnementaux pour l’adhésion du pays à l’Union européenne.
En effet, des photographies montrent qu’avant cette affaire, le même restaurant exhibait dans ses locaux deux individus de lynx des Balkans embaumés depuis 2017. De même, les partenaires du programme de rétablissement du lynx des Balkans ont des preuves que, dans l’ensemble de la répartition de la sous-espèce dans le sud-ouest des Balkans, 14 individus ont été braconnés/illégalement tués depuis 2006. Compte tenu de la très petite taille de la population (< 50), ce chiffre est choquant et confirme que le braconnage est en effet une menace majeure pour la survie de cette espèce menacée.
Avec son communiqué de presse, PPNEA appelle les autorités albanaises à redresser l’affaire en tenant compte des preuves qu’elle a fournies. PPNEA plaide pour des mesures légales plus strictes afin de mettre fin au braconnage du lynx des Balkans et d’empêcher son extension.
* Le lynx des Balkans est une sous-espèce distincte et la population de lynx d’Eurasie la plus menacée au monde. Avec une population de moins de 50 individus dans toute la péninsule des Balkans (et moins de 10 individus en Albanie), il est classé dans la catégorie “en danger critique d’extinction” dans la liste rouge de l’UICN et a été inscrit à l’annexe II de la Convention de Berne (Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe).