Comme l’indique très clairement et de manière exhaustive le rapport scientifique préparé par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), les microplastiques constituent un risque grave pour l’environnement et un risque potentiel pour la santé humaine, une source de pollution exponentielle qui est actuellement, et indéniablement, hors de contrôle. Conscient de cette menace et reconnaissant la nécessité urgente d’une restriction impactante des microplastiques, MIO-ECSDE, en collaboration avec le BEE, le CIEL, la BFFP et 28 autres ONG, a signé une note de position qui a été envoyée aux ministres de l’environnement, de l’agriculture, de la santé et de l’économie des États membres de l’UE.

MIO-ECSDE et les autres organisations de la société civile signataires appartenant à de multiples secteurs réitèrent un soutien ferme à la restriction de toutes les microplastiques ajoutées intentionnellement, indépendamment de leur utilisation dans le cadre de REACH. Nous reconnaissons également les efforts déployés par l’ECHA sur cette question et soulignons que pour que la restriction soit efficace dans le contrôle du risque (comme l’exige l’annexe XV du règlement REACH), elle doit empêcher tout rejet de microplastiques dans l’environnement. Cela ne peut être réalisé qu’avec une restriction couvrant toutes les utilisations des microplastiques.

La société civile soulève cette question depuis plus de 40 ans et des campagnes ont déjà dénoncé, par exemple, l’utilisation inutile et très problématique des microplastiques dans les produits cosmétiques.
Cependant, nos organisations ne peuvent pas négliger d’observer deux ” alertes ” dans le rapport de l’ECHA. Le premier fait référence aux critères de biodégradabilité proposés par l’ECHA ; nous sommes convaincus qu’ils sont inadéquats pour garantir que les microplastiques qui finissent dans l’environnement se dégradent dans des conditions réelles, dans tous les compartiments de l’environnement et dans un délai acceptable/raisonnable. Une telle dérogation affaiblira donc la restriction en permettant indûment la libération continue de microplastiques qui contribueront à l’accumulation du “stock environnemental” et ne méritent donc pas d’être considérés comme des produits plus “verts” que d’autres microplastiques.
Le deuxième ” alerte ” concerne les périodes transitoires proposées car elles sont disproportionnées par rapport à l’urgence de mettre fin à la libération et à l’accumulation de microplastiques dans l’environnement et ne sont, en tout état de cause, pas suffisamment justifiées. Nos organisations estiment que la restriction ne devrait pas permettre des périodes de transition aussi longues et non justifiées, en particulier pour les utilisations de microplastiques qui ne sont pas “essentielles” au sens du protocole de Montréal.

Une fois libérées dans l’environnement, les microplastiques sont pratiquement impossibles à éliminer et devraient rester dans l’environnement pendant des centaines, voire des milliers d’années, avec des effets graves et bien documentés sur l’environnement. En raison de leur petite taille (jusqu’à l’échelle nanométrique), elles sont facilement ingérées par les animaux et transférées le long des chaînes alimentaires ; elles sont des vecteurs possibles pour d’autres polluants environnementaux et peuvent éventuellement se fragmenter en particules de plus en plus petites, jusqu’à l’échelle nanométrique, ce qui augmente la probabilité de leur absorption dans les cellules et les tissus.